Mais qui sommes nous?
.
.
Marine
Le nez en l’air je prends l’expression stupide et figée d’un ours en train de grogner. C’est dans ces instants là que le monde autour de moi se transforme. Des séquoias géants se mettent à pousser instantanément prenant la place de mes pauvres meubles. L’odeur de terre mouillée se repend dans la pièce dont les murs sont en train de tomber pour laisser place à un paysage vert et montagneux. L’espace d’une seconde je quitte la bête barbare pour m’envoler sur la cime de ces étendues vallonnées avant de rabaisser mon nez sur la pointe de mon crayon. Back to reality, mauvaises proportions, la tête de l’ours et trop grosse, tout est à refaire !
.
.
.
Non je ne fume pas, je dessine. Pour moi c’est pareil. Il me suffit d’un bout de papier et d’un crayon pour disparaître d’une pièce, la voir se soulever et se transformer, muter en ours ou en chasseur, jouer, prendre une expression, et ne plus savoir qui je suis.
.
.
.
.
.
.
L’art, les mains pleines de peintures, le visage barbouillé, les taches d’encre, la sculpture, mais surtout la photo et le dessin en particulier sont mes amours depuis toujours ! Après avoir longtemps hésité à passer le reste de mes jours penché sur une feuille et perdue dans mes rêves, j’ai découvert l’escalade.
.
Une sorte d’intuition… Enfin presque, ma première tentative sur un mur c’est révélée être la cause d’une superbe fracture de l’épaule.
Et, pourtant, impossible de faire demi tour, j’avais gouté au plaisir unique de l’escalade et trouvé mon nouveaux jardin d’Eden.
L’escalade, ça ne s’explique pas, et ça se décrit difficilement, ce n’est pas une passion mais des passions, on peut en trouver une pour la beauté du geste simplement, une pour la puissance et la force que ça demande (n’est ce pas Jérémie ?), une pour le côté extrême une autre encore pour la splendeur du rocher et du paysage, on peut surement en trouver beaucoup encore, mais ça prendrait des pages…
.
.
.
.
.
Plus qu’une passion, un mode de vie.
.
.
.
.
.
.
.
Jérémie
- « Quoi, qui y a t-il Marine ? »
- « tu dis que je déconnes, que je n’ai toujours pas fait ma présentation pour le site ? »
- « Ok, ok, je vais m’y coller ! »
Mais en m’y engageant, je me disais déjà que ça n’allait pas être une mince affaire…
Nous partons bientôt en voyage de grimpe, d’ailleurs c’est le sujet de notre site. Alors si je dois me présenter il faut sûrement que je parle de ma vision de l’escalade et que je me définisse en tant que grimpeur. Seulement voilà, sortir des phrases toutes faites (ce qui m’arrive parfois je le reconnais) sur la philosophie de vie du gentil petit grimpeur, c’est un peu « bateau », vous ne croyez pas ?
Faire cette présentation m’oblige à mettre des mots sur ces choses que je ressent sans jamais vraiment me l’être expliqué à moi même, ni aux autres d’ailleurs. Je vais donc essayer d’être clair avec moi même et avec vous…
.
Une grande partie de ma vie est vouée à l’escalade depuis que j’ai quatorze ans. Ce sont six années d’une passion qui n’a cessé d’évoluer, mais qui reste toujours aussi forte.
Au fil du temps, la folie de l’adolescence a laissé sa place à plus de maturité. Enfin… je crois ! Les buts auxquels j’aspirais en escalade et dans la vie, ont changés eux aussi.
Au départ, j’attendais de pied ferme chaque séance de bloc, de voie et d’entraînement quel qu’il soit. Ceci, uniquement dans le but d’assouvir mon besoin de grimpe et de défonce physique. J’étais un adolescent excessif, de manière générale, alors avec l’escalade ça n’a pas été différent. La progression et la performance était ma plus grande motivation à l’époque. Au cours de ces premières années de découverte, j’ai fait pas mal de petits « trip » un peu partout en France, avec pour principal but, faire un maximum de croix .
.
Rétrospectivement, je peux affirmer que cet état d’esprit m ‘a rendu égoïste, il m’a fermé les portes à beaucoup d’expériences de vie, mais aussi à un grand nombre de facettes de l’escalade. Je n’imaginais même pas, tout ce qu’il était possible de réaliser grâce à l’escalade.
Aujourd’hui, je ne peux pas dire que je ne cherche plus à me dépasser quand je vais grimper mais j’entrevois de nouveaux horizons pour m’épanouir et ne pas faire du « sur place ! » La passion est complexe, elle passe bien sur par l’accomplissement de soi, par les sacrifices qu’exige la pratique et surtout par le plaisir que peu procurer l’escalade. Je pense que ces notions sont toujours présentent dans notre vie de grimpeur. Simplement tout ce qui nous permet d’ aller de l’avant et rester passionné évolue avec le temps.
Je donne un exemple :
Auparavant, grimper seul et dans la pire bouse de Fontainebleau ne me posait aucun problème. Maintenant je n’ai plus cette envie de grimper sur n’importe quoi, juste pour grimper. Pour moi, une séance d’escalade c’est d’abord un partage, un moment privilégié avec des gens que j’apprécie. Ensuite, pour que l’escalade me motive à 200%, il faut que la pureté de la ligne et la beauté des mouvements me mettent en trance. Une bonne séance, de bonnes sensations de grimpe, le souvenir de bons moments partagés. C’est ce qui me procure le plus de plaisir.
Je ne pense pas pour autant, être plus exigeant qu’avant, je recherche simplement autre chose dans l’escalade.
De ce fait, ma vision du voyage à changée, elle aussi. Je veux découvrir le monde et m’immerger au maximum dans les pays que je visite. Je ne supporte plus cette façon de voyager à l’occidental : 15 heures d’avion pour aller à l’autre bout du monde, voyage organisé, hôtels de luxe, misère camouflée… Mais je l’avoue, moi aussi j’ai voyagé en consommateur. Moi aussi j’ai consommé l’escalade et les lieux où je me suis rendu. Cette vision boulimique de la vie, nous condamne à tout faire à moitié. Depuis que j’ai pris conscience de ça, je travail sur moi même pour changer. Comment rester loin des sirènes de la société de consommation quand on fait partie de ladite société ? Sans doute, un voyage « à la dure », avec peu de moyens apportera des éléments de réponse !
.
Voilà pourquoi, je crois qu’il y a une philosophie différente par grimpeur et que chaque grimpeur évolue dans sa pratique.Loin de vouloir influencer qui que ce soit, je veux juste suivre mon chemin et rester libre. Pour moi, l’escalade est un style de vie dans le sens ou elle est l’instrument de mon épanouissement en tant qu’homme. Je ne veux pas que la pratique de se sport m’enferme sur moi-même mais au contraire, qu’elle me permette de m’ouvrir au monde et aux autres.
.